L’incendiaire de Beaucourt condamné

Le pays de Franche-Comté du samedi 17 décembre 2011 – par Dominique Lhomme

Le ministère public réclamait la peine plancher, soit quatre ans de prison ferme. David Pierre, 22 ans, n’a finalement écopé que de deux ans, hier matin au tribunal correctionnel de Belfort.

Le 4 novembre dernier, dans la nuit, les pompiers de Beaucourt interviennent pour une série d’incendies volontaires. Une Fiat de location du Super U, un autocar, le local poubelle, le chalet et la petite serre du collège Saint-Exupéry et une 406 ont été la cible d’un ou plusieurs incendiaires.

À deux reprises, les caméras de surveillance du Super U et d’une banque vont surprendre deux individus. Le lendemain, un père s’inquiète de l’attitude bizarre de son fils, prévient la gendarmerie. Le mineur est sorti avec le prévenu dans la nuit du 3 au 4 novembre. Le mineur est interrogé par les gendarmes à qui il raconte que David Pierre est venu le chercher chez lui, après un coup de fil sur son portable vers 2 h.

Il leur raconte aussi qu’avant de venir, son copain avait déjà cassé la vitre de la Fiat, qu’ils ont d’abord essayé de voler, mais n’étant pas parvenus à fracturer le Neiman du véhicule, David Pierre avait lacéré le dossier du siège, fait sortir la mousse et mit le feu.

Selon le mineur, il était « euphorique et excité en contemplant l’incendie ». Le jeune complice l’implique aussi dans la tentative d’incendie du bus, puis il raconte aux militaires qu’ils sont entrés dans la cour du collège, qu’ils ont tenté, sans y parvenir, d’entrer dans l’établissement. Il explique également comment David Pierre a mis le feu aux poubelles, puis à la petite serre et à l’abri de jardin. Le mineur pense aussi qu’il est l’auteur de l’incendie d’une Peugeot 406 peu de temps après, même s’il n’a pas assisté à la scène. Les deux compères sont repartis sur un scooter volé, qu’ils utilisaient à tour de rôle.

Placé en garde à vue, David Pierre nie en bloc les accusations portées contre lui, puis reconnaît d’abord être l’auteur de l’incendie de la Fiat, puis de ceux du collège. Devant le président André Chenet, il continue à nier les tentatives d’incendie du bus et de la 406.

Le président souligne qu’il a déjà été condamné pour des faits similaires -il est sorti de prison en septembre. Il relit le rapport d’expertise psychiatrique qui le décrit comme un être qui s’ennuie, minimise toujours l’importance des infractions, cherche à atténuer sa responsabilité, n’intègre pas la notion de transgression, ne ressent aucune culpabilité, ne se considère pas comme un pyromane, est peu sensible aux sanctions…

Pour le procureur Alexandre Chevrier, le prévenu persiste à nier alors que les faits se sont déroulés presque à la même heure, dans un périmètre restreint, avec le même mode opératoire, alors que son jeune complice le met formellement en cause : « Ce sont des actes gratuits de pur vandalisme qui troublent l’ordre public. David Pierre fait preuve de dangerosité sociale ».

Le procureur demande la peine plancher, soit quatre ans de prison, dont trois fermes.

M e Belin, défenseur du prévenu, émet alors des doutes sur sa culpabilité concernant le bus et la 406 et demande la relaxe pour ces deux faits. Il évoque aussi ses problèmes familiaux, une mère qui le surprotège, un père avec qui il est en conflit, ses problèmes psychologiques « que la détention ne va pas arranger ».

Le tribunal tiendra compte de ces remarques. Il relaxe David Pierre pour la 406, le déclare coupable pour les autres faits, le condamne à deux ans de prison ferme et prononce son maintien en détention.

le 17/12/2011 à 05:00 par Dominique Lhomme