Plus de 12 000 interventions pour les pompiers belfortains

Pour la première fois en 2018, les pompiers belfortains ont dépassé les 12 000 interventions dans l’année, enregistrant une hausse de 8,54 % par rapport à 2017. Et le nombre d’interventions pour 100 000 habitants, de 8 196, est très au-dessus de la moyenne nationale, située à 6 707. Cette valeur est même supérieure à celle de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (6 907). « Nous avons une pression opérationnelle constante et les pompiers sont de plus en plus sollicités, notamment les volontaires », constate le colonel Stéphane Helleu, directeur du service départemental d’incendie et de secours du Territoire de Belfort (Sdis 90). Ce chiffre retranscrit aussi la spécificité du Territoire de Belfort : l’un des plus petits de France, mais aussi l’un de ceux où la densité de population est la plus forte. L’institut national de la statistique et des études économiques (Insee) enregistre en 2015 une densité de 237,1 habitants au km2, contre 104,6 à l’échelle du pays.

+ 9 % pour le secours à personnes

Le secours à personnes représente 76,7 % de l’activité opérationnelle. Et il est l’une des raisons de cette pression opérationnelle. Il a encore augmenté de 9 % entre 2017 et 2018. « On subit [il met des guillemets] aussi une sorte de désertification médicale qui a des conséquences sur le secours à personnes, estime le colonel Stéphane Helleu. Ce n’est pas lié au déménagement de l’hôpital Nord-Franche-Comté car les départements du Doubs et de la Haute-Saône font le même constat dans leur ensemble. Nous avons une médecine de ville en souffrance. » On enregistre notamment 754 relevages de personnes âgées, soit une hausse de 26 % par rapport à 2017. Selon le directeur, le vieillissement de la population et les logiques de maintien à domicile sont des pistes d’explication. En 15 ans, la part opérationnelle du secours à personnes a été multipliée par 2, passant de 4 198 interventions en 2003, à 9 266 en 2018.

10,8 % des opérations pour des carences

Plus d’une intervention sur dix des pompiers belfortains est la conséquence d’une carence d’ambulances privées. Cela représente 14,1 % des interventions liées au secours à personnes. En 2018, les pompiers belfortains sont intervenus 1 308 fois pour ces carences d’ambulance privées, enregistrant une hausse de 36 % de cette activité par rapport à 2017. Ce ne sont donc pas les urgences vitales qui expliquent la croissance du secours à personnes. « Les pompiers sont la solution de facilité », regrette Florian Bouquet, président du conseil d’administration du Sdis 90. Il regrette que la régulation du Samu sollicite trop facilement les pompiers lorsqu’il n’y pas d’ambulances privées disponibles. Dans le cadre des carences, l’urgence est relative, même si elle peut le devenir. Si le colonel Stéphane Helleu ne veut pas jeter la pierre au Samu, « qui est sur-sollicité », il tire la sonnette d’alarme. « Les Sdis ne sont pas identifiés comme des acteurs intégrés dans le cercle de concertation des questions de santé », regrette le colonel. Les présidents des conseils départementaux de Bourgogne-Franche-Comté ont alerté l’agence régionale de santé à ce sujet. « Depuis 3 mois, nous avons une inflexion de la hausse sur le nord Franche-Comté, remarque toutefois le directeur. C’est sûrement dû à la reprise en main en gestion directe, par l’hôpital Nord-Franche-Comté, des sorties. » En échelonnant les sorties d’hôpital, on gère la flotte d’ambulanciers privés, limitant ainsi les carences. Une autre piste consiste à faire de la pédagogie sur l’utilisation des numéros d’urgence, « pour limiter les recours abusifs », note le soldat du feu.

689 incendies

« Une caserne est construite autour des véhicules d’incendie », constate le colonel Stéphane Helleu. Les principaux investissements concernent aussi cette catégorie d’interventions. Suivant une logique : on investit non pas pour intervenir, mais « pour être prêt à intervenir », relève le colonel. La part opérationnelle des incendies dans le total des interventions est relative. Avec 689 interventions, elle est de 5,7 %. Elle est stable entre 2017 (695 incendies répertoriés) et 2018. Les pompiers constatent une légère baisse des feux de la voie publique (poubelles), qui passent de 145 à 123, et une baisse des feux de véhicules, qui passent de 118 à 111. Trois personnes ont perdu la vie en 2018 dans un incendie.

10 minutes

Précisément, 10 minutes et 41 secondes ! C’est le délai d’intervention des pompiers belfortains, plaçant les soldats du feu du Territoire parmi les meilleurs de France après Paris et Marseille, où les pompiers sont des militaires. La moyenne nationale est de 13 minutes et 18 secondes. Dans le département, 59 % des délais d’interventions sont inférieurs à 10 minutes, 89 % sont inférieurs à 15 minutes et 96 % sont inférieurs à 20 minutes.

« Nous avons besoin de volontaires »

Le message du colonel Stéphane Helleu est clair : il faut recruter des pompiers volontaires. Aujourd’hui, le Sdis 90, ce sont 582 personnes, dont 556 sapeurs-pompiers. Il y a 432 volontaires, qui représentent 60 % de l’activité horaire opérationnelle. Mais leur effectif s’effrite. Le département a perdu 4 pompiers volontaires entre 2017 et 2018 alors que la pression opérationnelle augmente. « La situation n’est pas alarmante, mais préoccupante, note le colonel Stéphane Helleu. Nous avons besoin de volontaires. » Il constate notamment la difficulté de conserver les jeunes pompiers (études, contraintes professionnels, mutations des missions opérationnelles…). Aujourd’hui, les femmes représentent 15,2 % de l’effectif total du Sdis, mais ne représentent que 13,5 % des pompiers belfortains. La féminisation est donc une piste de recrutement. Un vaste plan du volontariat va être lancé, avec des actions dès la rentrée de septembre. Ce plan se déclinera jusqu’en 2021 et d’importantes campagnes de communication pourraient être lancées.

Source: https://www.myaireurbaine.info/a-la-une/plus-de-12-000-interventions-pour-les-pompiers-belfortains-infographie/

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